La cuvée
Rhum agricole Saint James distillé en 1941. Outre le fameux millésime 1885, mais aussi un 1884 qui ne sera jamais commercialisé (il aura été servi lors d’un banquet à Paris, en septembre 1900, offert par le président de l’époque Émile Loubet), les millésimes s’enchaîneront mais il n’y a malheureusement que peu de traces de ces vestiges, les gens ne pensant pas forcément à garder les bouteilles dans le temps (ni les archives). Il faudra attendre les années 1900 pour retrouver la trace d’un glorieux passé : ainsi un heureux collectionneur aurait des millésimes de 1909, 1910, d’une valeur sans aucun doute inestimable. A la distillerie Saint-James, on garderait tout aussi précieusement des millésimes de 1925 et 1929, parmi les plus vieux actuellement identifiables. Étrangement, il est quasiment plus difficile de mettre aujourd’hui la main sur certains millésimes des années 30 que sur celui de 1885. On imagine pourtant qu’ils ont été sortis en plus grande quantité, mais la mode n’était pas à la conservation. Les années suivantes (1940) sont marquées par la guerre, les diverses restrictions et l’arrêt du commerce maritime ; Saint-James allant même jusqu’à l’annoncer publiquement à ses consommateurs (via de la publicité dans les journaux). Ainsi, le dernier rhum à sortir de la distillerie sera un millésime de 1941, forcément à la lourde charge symbolique, et il faudra ensuite attendre quelques années pour finalement en retrouver (les années 1946, 1947 et 1949 sont officiellement identifiées).
La distillerie Saint James
Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, la Martinique devient un important producteur de sucre. L'habitation du Trou Vaillant, gérée par les Frères de la Charité, possède des alambics qui sont utilisés pour distiller les résidus de mélasse dans le but soutenir financièrement l'hôpital militaire de Saint-Pierre, au pied de la Montagne Pelée, dont ils ont la charge. Le Père Edmond Lefébure, à la tête de la congrégation, se prend au jeu et organise l'exportation des excédants de rhum aux colonies anglaises d'Amérique de Nord, l'exportation de ce produit étant interdite en France pour ne pas faire concurrence aux eaux-de-vie de vin. Il est commercialisé sous le nom de Saint James, plus facile à prononcer pour les Anglais que Trou-Vaillant, d'après une habitation du domaine, Saint Jacques. Au cours du XIXe siècle, la Martinique devient un producteur de rhum de premier plan. La marque est déposée en 1882, suite à son rachat par Paulin Lambert, un entrepreneur marseillais qui rachète plusieurs habitations et supervise la production de rhum et son exportation en métropole, profitant de l'opportunité offerte par la Restauration de racheter les biens des religieux devenus bien nationaux pendant la Révolution française. C'est aussi à Lambert que nous devons la bouteille carrée que nous connaissons et l'apparition du premier rhum millésimé de la maison : un 1885. Le succès est au rendez-vous malgré les dégâts causés par l'éruption de la Montagne Pelée en 1902. La société est rachetée en 1973 par Cointreau qui regroupe toutes les installations à Sainte-Marie.
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